Formation, recrutement, team building, ou simple respiration, embarquer ses collaborateurs dans des activités ludiques virtuelles ou IRL n’a rien d’un passe-temps futile. Au contraire il permet de se découvrir autrement, d’en apprendre sur soi et sur les autres. Un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur ces dernières années.
« Le colonel Moutarde, dans la bibliothèque, avec le chandelier ». Rares sont les journées ou les capacités de déduction d’un employé sont autant mises à contribution qu’au cours d’un escape game en compagnie de ses collègues. L’engouement pour les activités ludiques scénarisées qui gagne la France depuis quelques années déjà, compte parmi ses premiers clients nombre d’entreprises, désireuses à la fois de stimuler leurs équipes, de leur proposer des expériences d’une autre nature mais aussi d’en tirer au passage quelques enseignements.
Qu’il s’agisse de briser la glace, de nouer des liens d’une autre nature ou de changer de regard sur ces personnes avec qui l’on partage le plus clair de son temps, ces expériences ne manquent pas de vertus. Encore faut-il bien choisir parmi la multitude de lieux et de structures qui offrent de vivre de tels moments. Pour cela, mieux vaut s’orienter vers des passionnés qui ont à cœur de partager et d’imaginer sans cesse de nouveaux concepts, de nouvelles intrigues.
A la pêche aux « soft skills »
Les concepteurs de ces jeux mettent bien souvent en avant les aptitudes requises chez les participants pour s’en sortir dans tel ou tel univers : ici la communication, la collaboration, la flexibilité l’adaptabilité, ou encore le leadership, la patience, etc. Autant de « soft skills », de compétences transposables à l’univers du travail et de la gestion de projet.
D’où l’intérêt des responsables des ressources humaines pour ces activités, lesquelles permettent d’éprouver leurs collaborateurs dans des situations inédites, et de révéler ce qui chez eux peut s’avérer une force ou une faiblesse. Hormis dans les processus de recrutement cependant, ces critères ne sont souvent retenus qu’à titre indicatif et ne sont pas utilisés pour disqualifier tel ou tel. Au contraire, « Cela aide les candidats à révéler ce qu’ils ont du mal à montrer dans un échange classique tant les discours sont rodés » estime la chercheuse Hélène Michel, interrogée par le magazine Socialter.
Des jeux en ligne à la fois vitrine et outil de recrutement
Désinhiber les participants, les pousser à sortir de leurs schémas de pensée habituels, c’est ce que permettent aussi les serious-games, ces jeux-vidéos qui confrontent les participants à des défis individuels dans un monde virtuel. Longtemps réservés à un usage interne, certains de ces jeux sont désormais accessibles en ligne, et misent sur le confort de jeu pour attirer des participants au-delà du seul cercle des employés.
Ainsi Décathlon ou L’Oréal proposent de gérer de A à Z le lancement d’un produit, de manière à faire découvrir les métiers au sein de l’entreprise. Orange de son côté invite les joueurs à installer un réseau électrique dans une ville fictive. Au-delà de l’expérience de jeu accessible à tous, ces entreprises ne se cachent pas de scruter attentivement le comportement des usagers sur leurs plateformes pour ne pas passer à côté des talents de demain. Alors la réalité prend le pas sur l’expérience ludique.
Que les RH aient les yeux rivés ou non sur ce qu’il se passe lors de ces expériences ludiques, force est de constater que la magie opère presque à chaque fois. Il est rare qu’un employé ne se prête pas au jeu et n’abandonne pas ses conventions l’espace d’un instant.
C’est alors que des phénomènes inhabituels mais souhaitables se produisent. L’épreuve place les participants sur un pied d’égalité, les personnes qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble apprennent à collaborer, trouvent des terrains d’entente. On assiste alors à une forme d’émulation, de déploiement de l’intelligence collective, tout en s’amusant.